Sauvage et indompté

Je ne les apprivoise pas. Je les laisse surgir, dans leur élan, leur rudesse, leur appel. Ce sont des corps qui refusent l’élégance et la posture. Ils s’expriment avec le ventre, le bas du dos, les cuisses entrouvertes ou les mâchoires serrées. Ils ne demandent rien, ils prennent.

La ligne tremble, plie, se raidit parfois, mais ne recule pas. Elle s’ouvre à la secousse, à la lutte, au débordement. Par endroits, elle se perd dans une obscurité pâteuse ; ailleurs, elle s’aiguise jusqu’à l’os.

Ces figures-là ne posent pas. Elles traversent, haletantes, offertes ou fermées, souvent les deux à la fois. Il y a des cicatrices invisibles sous les pigments. Et cette façon qu’elles ont de se montrer sans attendre qu’on les comprenne.